NOUS ET NOTRE ENVIRONNEMENT

NOUS ET NOTRE ENVIRONNEMENT

"Aujourd'hui, je n'ai plus peur de dire mon attachement à la terre des paysans. Apaisé, je retournerai sur les hauts plateaux froids et les vallées profondes du massif."


Raymond Depardon dans Paysans

Le mot des profs

En inscrivant nos élèves à ce congrès international d’ethnobiologie, nous pensions qu’il serait intéressant de les confronter à l’inconnu, à ce qui était très loin de leurs préoccupations d’adolescents : la nature.

Nous sommes partis du préjugé que tous étaient des citadins et qu’ils ne connaissaient absolument rien aux choses de la nature mais il s’est rapidement avéré que ce point de départ était erroné. Beaucoup d’entre eux vivent dans des villages et un très grand nombre possèdent des parents agriculteurs et paysans en France et au Maroc.
Cependant, nombre d’entre eux ont affirmé dans un questionnaire de départ, ne rien connaître à la nature, n’avoir aucun intérêt vis à vis de celle-ci. La suite du projet nous a là aussi montré le contraire : ils pensaient ne rien savoir, ne rien connaître, ils en savent cependant bien plus qu’ils ne veulent bien le reconnaître.
Au cours des deux sorties que nous avons faites, des entretiens menés auprès des agriculteurs, leurs connaissances naturalistes et agricoles sont ressorties spontanément. La confrontation avec l’autre, le paysan, a permis de mettre en exergue leur attachement au monde rural et a réveillé chez eux des attitudes enfantines et innocentes : l’amour des bêtes, l’attrait pour la découverte des plantes, la chasse aux papillons, l’envie de courir à travers champs.

Avec ce projet, les élèves sont devenus acteurs. C’est eux qui ont préparé les entretiens, qui ont interviewé les agriculteurs, qui ont pris des photos, filmé et rédigé la plupart des commentaires visibles sur le blog. Cette expérience a aussi modifié le cadre de la classe, les discussions et les échanges ont été nombreux, les rapports entre les élèves et les professeurs ont donné lieu à un véritable partenariat.

Au terme de ce projet, quelques élèves ont changé de point de vue mais on peut noter que beaucoup sont restés sur leurs représentations de départ.
Les enfants de paysans sont fiers, quelques citadins revendiquent leurs racines paysannes et les savoirs ancestraux de leurs aînés. Chez ceux qui se disent attachés à la nature, le rôle de la transmission à l’intérieur de la famille semble primordial. Les souvenirs liés à l’enfance ancrent profondément en eux l’amour de la nature.
Pour ceux qui affirmaient n’avoir aucune affinité avec « Dame nature », le projet n’a pas modifié leurs perceptions. Ils se réclament de la ville, se disent attachés à ses bruits et à son tumulte. Faut-il y voir une volonté de rupture avec les origines familiales ?
La ville semble en effet être, pour ces jeunes-là, le synonyme d’ascension sociale. Le citadin est à la pointe du progrès alors que le paysan est un "ringard" bien trop éloigné de leurs valeurs : la réussite sociale ostentatoire, la consommation à outrance, la rapidité. Cette indifférence et ce rejet parfois, correspondent aussi au temps de l’adolescence durant lequel les jeunes gens attachent une importance particulière aux relations avec leurs pairs et sont moins tournés vers leur environnement.

Heureusement, les choses ne sont pas figées. Au gré de leurs expériences, de leurs rencontres, de leurs cheminements intellectuel et familial, ils seront sans doute amenés à revoir leur jugement et à être moins tranchés dans leurs opinions. La nature les attendra…

Mme Ramos

 
Les 2 L on the flore, le blog de nos élèves.
Initialement, nous voulions les faire participer au congrès d’ethnobiologie, afin de les sensibiliser à la protection de l’environnement, au développement durable, leur montrer l’importance internationale de ce courant. Sur le plan pédagogique, c’était un travail de groupe, permettant d’émuler un esprit de classe et une certaine dynamique : une classe en plein air.
 Concrètement, il fut intéressant de comparer les connaissances des élèves qui sont très riches pour certains d’entre eux. Une érudition mal connue et non valorisée, parfois moquée à mauvais escient par peur d’être différent du groupe qui se veut citadin. Or nous avons pu constater que certains résidaient en milieu rural, que certaines familles travaillaient dans le secteur agricole, et que la plupart d’entre eux ont de proches racines bien « terriennes » et finalement connaissent assez bien la nature.
 Le second point intéressant, fût le plaisir de voir ces jeunes apprécier ces sorties et retrouver leur âme d’enfant qu’ils réfutent mais qui se trouve encore si proche. Et malgré quelques bouderies et bougonneries ils ont pu restituer leur propre savoir.
 Mais l’essentiel, même primordial à mon sens, est que ces savoirs et ce goût pour la nature seront perpétués aux futures générations, par l’intermédiaire de leurs jeunes frères et sœurs, neveux, nièces, puis plus tard, mais quelques années tout au plus, leurs enfants. Car volontairement ou non, ce savoir se transmettra au cours de ballades, jeux, ou souvenirs racontés. Et ne serait ce que pour cette raison, la participation active au congrès ne peut être que bénéfique pour tous.
ML Félicijan (Enseignante)

Lorsque l’invitation à lancer un projet de participation aux rencontres internationales d’ethnobiologie de Montpellier nous est parvenue, nous l’avons reçue comme un défi. Comment inscrire nos jeunes, pour la plupart issus de « quartiers sensibles » où l’acculturation accompagne le béton, dans des rencontres axées sur la nature et la culture? Notre démarche pédagogique, fondée sur la découverte d’exploitations agricoles après un questionnement sur les idées qu’ont les élèves sur la campagne, nous a valu quelques surprises : les lycéens, malgré quelques méconnaissances au départ, ont, grâce aux dialogues avec les agriculteurs et les naturalistes, pu exprimer des connaissances personnelles beaucoup plus riches que prévues. Leurs racines paysannes ne sont pas si loin…
Le blog, malgré ses imperfections (nous l’avons voulu rédigé par la classe) rend compte de la qualité des échanges, de la richesse des connaissances partagées et surtout du bonheur de ces journées de rencontres en pleine nature.
M Grand

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire